Ode à la philosophie japonaise
Et si l’on se mettait au japonais ? Pas tant pour la langue, mais pour la philosophie.
“Ikigai” ? “Shōkakkō” ? Ça vous parle ? Non ? Je vous explique.
Alors que j’évoquais avec ma copine Sophie les prémices de mon blog « Pimente ta Vie », elle me mit sur la voie d’un sujet sur lequel je ne pouvais définitivement pas faire l’impasse : l’Ikigai.
– « Pour les japonais, l’Ikigai, c’est le sel de la Vie » me dit-elle.
Hé hé… Pimente ta Vie !
– « C’est ce qui fait sens pour chacun dans sa vie, qui fait que chaque matin il sait pour quoi il se lève. Laisse-moi t’expliquer ».
Et elle m’expliqua.
“Imagine, tu as planifié des projets pour ton prochain week-end : une balade à vélo, une soirée aux chandelles avec ton amoureux, une virée au grand air, des tomates à planter, un meuble à retaper, un bouquin à lire, l’intégrale de ta série préférée à regarder sous la couette, etc… Peu importe le projet, tant qu’il te plaît. 1
Je suis certaine que la veille tu vas t’endormir comme un bébé (parce que tu sais que le lendemain sera détendu, plaisant, motivant), et qu’au saut du lit tu seras heureuse et pleine d’entrain ! Tu connais forcément ce sentiment : celui d’avoir plaisir à faire des choses qui t’amusent, te passionnent, te motivent. Quel que soit ton projet, il te fait vibrer !”
Jusque-là, elle avait raison.
« Eh bien, maintenant imagine qu’il soit possible d’éprouver chaque jour cette même motivation. Qu’il soit possible de s’éveiller chaque jour en pouvant répondre systématiquement à la question « pour quoi est-ce que je me lève ce matin ? ».
Ah oui le pied ! Je prends ! Comment on fait ?
« C’est ça la philosophie de l’Ikigai : avoir conscience d’avoir quelque chose à faire qui donne du sens à ta vie, qui te procure un sentiment de satisfaction et d’accomplissement.”
Si le terme m’avait déroutée, l’explication m’enchantait !
Elle continua :
« Comme je te le disais, pour un japonais, Ikigai c’est : « le sel de la vie ». C’est une pratique au quotidien qui fait notre raison d’être, que notre vie vaut la peine d’être vécue, que notre vie à du sens, de se sentir à sa place dans le monde ».
Enchantée par le concept, j’ai remercié Sophie et me suis empressée de lire plusieurs écrits sur cette philosophie de vie, dont « Le livre de l’Ikigai » de Bettina Lemke, que j’ai le plus aimé et dont je vous restitue quelques extraits qui parlent d’eux-mêmes :
« Peu importe que vous soyez adepte des balades à vélo, des randonnées en montagne, des longues promenades en forêt ou des visites de musées, peu importe que vous passiez votre samedi à faire du canoë, à jouer au foot ou à bricoler un modèle réduit d’avion que vous êtes sur le point d’achever – nous avons tous plaisir à faire des choses qui éveillent notre enthousiasme et nous font battre le cœur un peu plus fort. Comme tout nous paraît plus léger quand nous sommes poussés par une motivation intérieure ! Quand nous savons que nous allons accomplir quelque chose de beau, faire une activité qui nous met en joie. Ne serait-il pas formidable de pouvoir transférer la motivation incroyable que nous éprouvons ces jours-là à la plupart des autres jours de notre vie ?
« Quiconque a identifié son ikigai éprouve une joie de vivre intense et une énorme satisfaction intérieure, fait preuve d’optimisme, se sent vivant et motivé, est capable de s’enthousiasmer, possède des forces intérieures et dispose d’une grande capacité de résilience. La personne sait pour quoi elle vit et dans quelle direction elle souhaite orienter son existence”.
Première bonne nouvelle : l’Ikigai n’est nullement réservé aux personnes qui se sont découvert UNE grande passion dans l’existence – passion dont ils peuvent, de surcroît, faire leur métier.
“L’ikigai se cache aussi dans les choses les plus infimes et les plus insignifiantes de la vie, toutes ces petites choses auxquelles on n’accorde guère d’importance – à tort. Ainsi, vous pouvez trouver votre Ikigai en regardant le soleil se lever tous les matins, en donnant rendez-vous à des amis pour aller faire ensemble un petit jogging, en lisant des livres qui vous plongent dans d’autres univers, en prenant soin des autres, en étant présent pour votre famille, en faisant de grandes promenades avec votre chien, en apprenant une nouvelle langue étrangère, en exprimant votre créativité dans un cours de peinture, etc. L’Ikigai peut signifier les choses les plus ordinaires de l’existence comme les projets les plus ambitieux – les possibilités sont infinies ».
Deuxième bonne nouvelle : nous portons tous en nous un Ikigai ! Ce trésor précieux caché à l’intérieur de nous.
“La plupart d’entre nous sentent intuitivement combien il est gratifiant de rechercher le sens de sa vie. Cette recherche de sens est toujours quelque chose de très personnel puisque nous sommes tous différents et singuliers. Ce qui est cohérent et épanouissant pour l’un peut n’avoir aucune importance pour l’autre.
Trop souvent, nous cherchons inconsciemment à répondre aux attentes des autres, avec le risque de perdre de vue nos désirs, nos souhaits et nos buts propres. Ce qui compte dans cette chasse au trésor personnelle, ce n’est pas ce que les autres jugent important, significatif ou gratifiant, mais ce qui nous touche personnellement, ce qui résonne en nous et nous fait rayonner de l’intérieur, tout simplement parce que nous savons que c’est bien pour nous.
A chacun d’identifier ce qui est important pour lui, ce qui l’inspire et l’enthousiasme, lui donne une belle énergie et lui procure un sentiment d’accomplissement. Bref, ce qui donne un sens à son existence et lui fait dire : « Oui, la vie vaut la peine d’être vécue. » »
Je rajouterai une dernière chose importante :
Dans l’Ikigai, se cachent également quelques “Shōkakkō”. 2
Shōkakkō, ce sont les petits bonheurs de la vie, les joies minuscules du quotidien : manger une miche de pain encore chaude, se glisser dans des draps propres, contempler une pile de vêtements enfin repassés, ouvrir la lettre d’un ami ou laisser son chat se glisser avec vous sous la couette.3
Des petits kifs à consommer au quotidien en somme !
Et vous ? Avez-vous trouvé votre Ikigai ? Quels sont vos petits Shōkakkō quotidiens ?
Pour aller plus loin et vous guider dans la recherche de votre Ikigai : “Le livre de l’Ikigai – la méthode japonaise du bonheur” de Bettina Lemke
1. Les projets évoqués tiennent compte de la limite de déplacement dans les 10 km autour de notre domicile, des gestes barrières et du couvre-feu de 19h applicables sur notre territoire français à l’heure où j’écris ces lignes. J’aurai pu parler de sorties au resto, de rendez-vous au bar entre amis, d’après-midi shopping dans des magasins nos essentiels, de massages détente au spa du quartier… mais aurais-je été crédible ? Et finalement, qu’il est bon d’évoquer des petits bonheurs simples accessibles au quotidien !
2. Ce wasei-kango (mot japonais construit à base de morphèmes chinois) est né en 1986 sous la plume du célèbre écrivain Haruki Murakami.
3. Source : newsletter Bulletin (https://bulletin.fr/)